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De la poésie des armes des armes désarmées 

De la poésie 

De la poésie réarmée

Des larmes et des armes 

Des larmes et de la poésie 

Armez la poésie sans tirer sans sans sans sang sang larmes Des larmes dans les armes 

Arrêtez tirez arrêtez tirez cess cess cessez pas le feu il fait froid et il brûle ce froid arrêtez cessez cessez le feu qui tue qui tue qui tue qui tue qui pue 

Allez dans les bras des femmes aux parfums de vie bleue

Laissez les faux rois

À la trappe et laissez les trappes sur les faux les faux les faussaires Il faut laissez les morts enterrer les morts

Et la poésie pleurera

Et les armes aussi Et tout rira dans le sang des enfants de Gaza

L’opprobre : à la trappe !

La peur : à la trappe !

La peine : à la trappe !

Le cœur plié : à la trappe !

Les tripes en vrac : à la trappe !

Le doute sale : à la trappe !

La mauvaise haleine sur les mots : à la trappe !

Les membres courts : à la trappe !

Le médiocre : à la trappe !

L’ennui : à la trappe !

Les larmes en vain : à la trappe !

Et puis le sol reconverti, lisse,

doux comme une chair sous le sel et le soleil

et la mer refaite à bloc, le sol sans trappe, soudain,

après l’avalage du laid, le sol océan serein, là où nous

sommes allongés, petites îles flottantes sous un zénith

si doux que la brûlure est bannie, le sol souverain,

enfin.

Et nous à la proue du monde, nous nefs pour fous

amoureux, fiers, conquérants d’une eau pleine,

nous buvons à la source conjuguée, nous à la dérive

volontaire et farouche, nous les univers des inconnus

et des royaumes à portée de main, sur le bout

des langues, nous le vocable et la naissance, nous,

cosmogoniques et droits, nous portons loin devant

les allures élégantes des phrases à venir.

Pas de mot sinon la langue 

Pas de langue sinon le corps 

Sa peau- mot ajustée 

Impeccable 

Sa robe oblongue 

HURLE AU MONDE SA MERDE ET SA BEAUTÉ

De veines éblouies

Et de lumière- claque l’ébloui me gifle 

Et j’en claque 

Dans le jouir 

La langue sur le mot 

Le corps sous la langue 

Je baise et la lumière 

Et la claque 

Ça commence 

Mots de suture

Comme le fil

Tendu devant le vide

Docile sous la catastrophe

Il n’y aura pas d’autres luttes

Il s’agira de marcher, serein,

Une pierre dans la lame.

Aux abords de la cicatrice.

Il s’agira d’en découdre avec le temps

l’avenir aura des dents.

Je vais écrire

comme on aime,

je vais écrire vous aimer entrer

dans les mots comme on baise

comme on entre en femme

comme on aime vous dis-je,

comme on aime. Je mettrai des

roses dans ma langue et des

nuits de lys dans vos yeux pour

que les bouches et les pas et

les mains se tendent incessam-

ment vers l’avenir maintenant

 ici et maintenant la peau lisse

le lendemain au présent d’or

et d’ébène enluminés. Je vais

écrire comme on épouse le

monde, une phrase tout autour

des entrailles. Je vais vous

aimer tout en écrivant, je vais

vivre avec un verger dans le

cœur, une verge par voyelle.

 Et le sang s’arrête en chemin  la blessure Comme suspendue Le chemin se blesse aussi Les ornières ourlées de chair Et de mots recousus sèment Une cicatrice haut la main Tout s’arrête en route Tout se fige lentement Dans un risque Ça susurre le précipice Ça le langue Ça se précise Singulièrement Pas de vocable possible Sur les à-côtés du vivre Pas de solution à sucer Pastille pastille sûre Pas tout court Le sang poursuit son cours Son envers et son double Là-bas comme debout Sur une croix fière

Et si la transe me surprend au lever du jour

Ça pèse

Mille robes mortes 

Dans le ventre 

Ça pèse son pesant d’or

Liquide entre les jambes 

Ça coule sur un temps sec 

Pas pas ça encore 

Pas la robe qui coule 

Entre deux temps debout 

Pas le temps 

Pas ça encore 

Patatra

Plus haute que la chienne sacrée

du langage

A court de flambée.

Danse.

Ouvre le lieu du corps à vif

avec les jupes de tes dents.

Ordures aux lèvres

et perles de salive dans les coins,

La diagonale des bras à la verticale ;

HURLE AU MONDE SA MERDE ET SA BEAUTÉ

Je ne vais pas inventer un nouveau langage je ne vais pas faire des bruits bizarres avec ma bouche je ne vais pas ne pas rien dire je ne vais pas me faire passer pour une lanterne je ne suis pas une vessie non plus je ne vais pas mais je voudrais vous enlacer tous avec des mots purs et des virgules amoureuses des points levés vers le haut des bruits d’amour souple et serein Je voudrais vous émouvoir vous toucher intus and in cute vous caresser les poumons les artères les entrailles à tout bout de champ et vous dire que tout va bien se passer que tout ça n’était qu’un petit cauchemar d’enfant seul que tout le laid s’évanouit pour un jour de grâce revenue 

Enlevez-moi la nuit de la bouche

pour y mettre une boréale

Laissez-la s’installer puis se répandre

dans la gorge et le cœur et le ventre

Donnez-moi le jour

Je suis prête maintenant

Je n’ai plus la plante des pieds absente

J’ai les jambes alertes

L’œil ouvert à l’aurore

La peau tendue comme une voile

sous le vent sûr

J’ai la vie dans les mains

Regardez, prenez-les dans les vôtres

Il n’y a plus de froid dans les paumes

Seulement quelques cristaux égarés de gel idiot

Il n’y a plus de place pour le vide

Juste des interstices suffisants

Mais humbles,

Des souffles de lucide adroit.

Habitez-moi pour de bon,

Je suis une maison de mots purs

et de baisers dorés.

Vivement 

Le jour

Toi dans le jour

Moi dans toi dans le jour 

Vivement 

Vivement 

Vivement nous debout dans la nuit 

Le jour dans la nuit 

Vivement 

Le haut revenu dans le bas 

Vivement haut 

Vivement tout 

Vivement tout va s’arranger 

Vivement ça s’arrange 

Vivement ça s’est arrangé 

Vivement maintenant paix 

Vivement maintenant paix 

Vivement maintenant paix 

Vivement Vivement

Toi et moi et eux debout 

Vivants revenus vifs 

Vivement nous heureux 

Vivement nous et le feu 

Vivement vivement

Vivement la nuit le jour le feu l’eau l’air vivement tout dans la bouche et le sexe et les mains et vivement tout debout vif vivement vif 

Vivant Debout 

Debout 

Vivement 

Le jour grenade et ses mille grains de chair rouge

HURLE AU MONDE SA MERDE ET SA BEAUTÉ

©Nitcheva Fiorentini 2023

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